Célébrations liturgiques
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Ils sont retournés dans la maison du Père céleste:
Mme Denise Le Saux
Mme Jeanne D'Arc Tremblay
Mme Jeannine Veilleux
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DEUX GRANDES FÊTES D’AUTOMNE : Solennité de la Toussaint et commémoration de tous les fidèles défunts (1er et 2 novembre)
Le rythme saisonnier nous attire consciemment et inconsciemment, particulièrement à l’automne. En cette saison marquée par la baisse progressive des températures, le temps devenant progressivement plus court, les journées raccourcissent et sont par moment nuageuses, pluvieuses, venteuses et parfois neigeuses en fin de saison. Nous observons aussi la brume d’automne, les chrysanthèmes (floraison automnale aux coloris spectaculaires) et finalement, les feuilles qui tombent, reliées à nos morts et manifestent paradoxalement, du moins pour nous croyants et croyantes, la vitalité du Christ au-delà de la mort.
Dans le prolongement de ce même rythme, l’Église s’inscrit dans une longue et belle tradition pour célébrer deux fêtes : La Toussaint et la commémoration de tous les défunts. La solennité de la Toussaint, le 1er novembre, célébrée au lendemain de l’Halloween, est indissociable du jour de prière pour les défunts, que l’Église commémore le 2 novembre.
La première célébration, la Toussaint, est vécue dans l’allégresse. C’est le peuple des bienheureux, le peuple de Dieu en marche. Une foule de témoins debout!
En cette fête, nous faisons mémoire de tous les saints, ces hommes et ces femmes qui ont témoigné du Christ vivant et de son Évangile de tant de manières au cours des siècles. Des gens de toute origine et culture qui ont été avant tout des témoins, et certains jusqu’au don de leur vie.
Le livre de l’Apocalypse évoque les témoins de la fin du premier siècle, et reste d’une actualité surprenante. Non pas l’actualité des alarmistes de la fin du monde, mais celle du refus des idoles et du don de sa vie pour la paix et la vérité. Ce texte étrange et dérangeant, avec ses multiples symboles, critique virulemment le pouvoir totalitaire de l’Empire romain et appelle vivement à la résistance. Ce prophétisme provient d’une minorité religieuse sans pouvoir, faible et persécutée, dont la seule richesse est l’espérance, exprimée par une abondance d’hymnes et de gestes liturgiques, souvent évoqués dans l’Apocalypse. Des communautés chrétiennes sont présentes sur tous les continents, chacune avec ses visages uniques. Aujourd’hui encore, des témoins prennent des risques, refusent les idoles, posent des gestes de paix et de fraternité, et en subissent les conséquences, parfois jusqu’au don de leur vie. Souvent, cette grande épreuve devient un banal incident, nourrissant brièvement le spectacle de l’information. Mais, derrière les manchettes éphémères, il y a des visages d’hommes, de femmes et d’enfants, qui témoignent d’une espérance vive.
Le texte de l’Apocalypse n’est pas lettre morte. Des témoins se tiennent encore debout, et ils en meurent. Ils peuvent se tenir debout devant celui qui les inspire, cet agneau, victime éliminée par des pouvoirs alliés, mais devenue pasteur d’un peuple nouveau. Par-delà le martyre, ces témoins d’hier et d’aujourd’hui ont trouvé la source de vie, là où il n’y a plus ni faim, ni soif, ni larme, ni souffrance, même pas la mort.
Ces témoins ont annoncé un bonheur singulier, celui dont Jésus parle dans les évangiles. Ils ont été pauvres de cœur, miséricordieux, artisans de paix, persécutés pour la justice. Si nous voulons nous engager sur cette voie, nous savons que nous ne sommes pas seuls. Tous les saints et saintes nous soutiennent de leur exemple et de leur acclamation : Amen!
La seconde célébration est davantage liée aux souvenirs de ceux que nous avons aimés et qui nous ont précédés dans la gloire de Dieu.
La conviction que les vivants doivent prier pour les morts s’est établie dès les débuts du christianisme. Une journée spéciale de prière pour les défunts, en prolongement de la Toussaint, est apparu dès avant le IXe siècle. Le lien ainsi établi avec la fête de tous les saints répond à une cohérence certaine.
En effet, le 2 novembre, nous faisons mémoire de tous les fidèles défunts, cette foule immense de personnes de tous âges, connues ou inconnues, qui nous ont précédés dans la maison du Père. Beaucoup d’entre eux nous étaient proches par les liens familiaux, professionnels ou amicaux, au sein de nos communautés de foi et de nos réseaux d’espérance, dans une vaste complicité de charité. L’Église prie et commémore dans une vaste communion, incluant généralement tous ceux qui sont passés dans nos vies, y laissant de bons souvenirs, mais peut-être plus ou moins tombés dans l’oubli.
Commémorer les fidèles défunts, c’est aussi se rappeler notre propre mortalité. Nous faisons partie de l’histoire de cette humanité, douée et vulnérable. Fragiles pèlerins, avec la précarité même de notre existence, nous sommes appelés à entrer dans le mystère d’une joie partagée. Dans l’attente de notre participation à ce cortège, nous portons des inquiétudes et des cicatrices. Cependant, une certitude peut nous habiter : le bonheur promis dépasse tous nos calculs et nos craintes. C’est une vie éternelle, une vie sans fin. Elle se manifeste déjà dans le Ressuscité, brisant les chaînes qui nous retiennent et prenant soin des siens, d’hier, aujourd’hui et jusqu’à notre transfiguration.
Ce jour consacré aux défunts permet à l’Église de signifier que la mort est une réalité à assumer, un passage à la suite du Christ ressuscité. C’est également l’occasion d’affirmer et de vivre l'espérance en la vie éternelle donnée par lla résurrection du Christ.
En somme, les études et les réflexions sur la vie des saints et saintes ont une valeur pédagogique, nous entrainant vers le Christ. Ce ne sont pas des personnes « brillantes » en elles-mêmes mais elles reflètent la lumière du Christ par leur vie. Le mystère de l’Église est la plus vaste communion fraternelle, entre les vivants et les morts, par la prière et les sacrements. Nous formons un seul corps dont le Christ est la tête.
Les saints et saintes nous aident à libérer le saint qui se cache en nous, comme un bloc de marbre non encore sculpté que l’amour inconditionnel de Dieu veut ciseler pour révéler son image. Nous croyons que nous serons un jour réunis à nos défunts dans la vie éternelle. En attendant, nous leur souhaitons bon voyage; un au revoir, un à Dieu qui reste néanmoins difficile. Nos prières, pensées et vœux les accompagnent sur le chemin d’accomplissement et de consolation.
« Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés! » » (Isaïe 25, 9)
Boniface N’Kulu, ptre-curé
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